10 December 2012

À la mode de chez nous

Jeunes représentants lors du Youth Blast

Une rencontre le « Youth Blast » entre des milliers de jeunes venus des quatre coins de la terre s’est tenue à Rio de Janeiro la veille  de la fameuse conférence Rio+20 en Juin dernier. Durant cette conférence internationale sur le développement durable, le changement climatique était au cœur de la discussion. Récemment, ce groupe de mots « changement climatique » est devenu une sonnette d’alarme pour la prise de conscience des gens sur les impacts de leurs actes vis-à-vis de l’environnement. Les alertes de la communauté scientifique internationale sur les défis environnementaux que le monde devra  surmonter ont changé certains modes vie.

Le dernier jour du Youth Blast était marqué par une séance plénière de partage des modes de réduction des causes du désordre climatique. Une fille, venant des pays riches, a témoigné qu’elle s’efforce de marcher à pieds au lieu de prendre les voitures – émetteur de CO2 principal responsable du réchauffement climatique-, elle choisit de s’habiller avec des vêtements de secondes mains – valorisation des déchets réutilisables-… Et elle a reçu un tonnerre d’applaudissements. Tout ce qu’elle a dit m’a ouvert les yeux sur le mode de vie des pauvres, je veux dire notre mode de vie!

Au fait, nous les pauvres nous sommes obligés de marcher à pieds durant plusieurs heures puisque nous n’avons pas de voiture. Les moyens de transport public existent mais la fluctuation des prix des carburants rend les frais de transport parfois inabordables. Par conséquent, de plus en plus de Malgaches optent pour la marche à pieds.

Nous, nous  portons  des fripes parce que nous n’avons pas les moyens de nous offrir des  nouveaux. Dans notre cas, ce ne sont pas une question de choix mais plutôt des obligations.

Depuis quelques années, beaucoup de Malgaches sont même devenus des végétariens, non pas parce que nous comprenons que les bétails sont des émetteurs de méthane un Gaz à Effet de Serre  plus fort que le dioxyde de carbone et la consommation de viande ne fait que promouvoir l’élevage et les industries de production – pollueurs et grands consommateurs d’eau-, mais parce que les prix des viandes sont de plus en plus chers et nous n’avons pas assez d’argent pour en consommer!

Partout dans le monde, des efforts ont été réalisés afin de promouvoir des gestes éco citoyen.

En Amérique, ils ont installé une voie à trois colonnes, une pour les voitures ne transportant qu’une ou deux personnes et les deux autres pour celles avec plus de passagers. De quoi motiver les gens  à partager une même voiture et en guise de récompense moins d’embouteillages. Mais le fond de ce système se base sur la diminution des effectifs de voitures qui circulent et du coup la réduction des pollueurs.

Chez nous, c’est tout à fait le contraire, il est rare de voir des voitures à une ou deux personnes, toutes les places sont, dans la plupart du temps, occupées jusqu’à la limite de ce qui est écrit dans la carte grise, non pas parce que nous sommes conscients que ces véhicules sont des pollueurs mais la possession de voiture n’est pas encore à la portée de tout les Malgaches.

L’usage des bicyclettes, très promu en ce moment dans les pays industrialisés, a toujours été populaire dans nos zones rurales. C’est un moyen de transport très efficace et moins cher par rapport à la voiture.

Nous, les pauvres nous ne nous rendons pas compte que nous participons à cette réduction du taux de carbone dans cette atmosphère commune. Nous ne connaissons même pas cette complexe théorie de causes à effets sur les changements climatiques.

Dans les années 80, il y avait sur le marché malgache deux types de cahiers : l’un avec des feuilles blanches comme neiges que seuls les enfants des riches peuvent en avoir et l’autre avec des feuilles grisâtres pour le reste de la population. Effectivement, ce dernier est moins cher, et ce dernier résulte du recyclage des vieux papiers. Actuellement, l’emploi  de ces papiers recyclés est tellement encouragé que son achat  n’est plus un signe de pauvreté mais un respect à l’environnement.

Dans la lutte contre le gaspillage alimentaire, en France depuis l’année 2011, l’ADEME a lancé le concours «recettes à zéro déchet», un concours dont le concept est de réaliser deux recettes  dont les ingrédients du second seront les restes de la première.  Chez nous, tous  les jours  nous réalisons des recettes à zéro déchet, rien ne se perd les restes sont des ingrédients. Peut être que nous pourrions avoir le premier prix si nous  participons à  de telle compétition!

Et la liste continue, nous participons à l’économie d’énergie électrique à cause des  factures  exorbitantes de l’électricité. Cela  nous dépasse de penser à l’environnement avant d’imprimer. Nous les pauvres nous  pensons  au coût des encres et des rames de papiers avant d’imprimer.

La  liste est longue et nous ne savons pas notre prochain mode de vie qui sera imité. Ce qui est sûr c’est que les défis que nous impose l’environnement exigent une modification de certains  comportements. Mais au-delà des impacts environnementaux, pourra-t on penser à la réduction des inégalités sociales ? Serait-il envisageable que les riches auront exactement les mêmes comportements que les pauvres?

Peu importe, les pauvres soyons  fières  puisque  sans le savoir nous sommes les pionniers de ces bonnes pratiques qui méritent d’être généralisées.

 

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