19 November 2012

Réveillez votre paresse!

Il est difficile de penser qu’on vit dans une société de paresseux. Des formules allégées qui se traduisent par moins de paperasses, moins de formalités chez notre agence bancaire et un rythme de vie moins fatiguant, du moins physiquement, dans notre traintrain quotidien. Des appareils  à fonctionnement rapide comme les gadgets de cuisines visant à réduire nos taches ménagères; des aliments mi-cuits ou instantanés; des services faciles  pour les soins du corps: des vernis à ongles à séchage rapide, des crèmes dépilatoires en 3 minutes, des rasoirs électriques ultra rapides… Rien que des « faciles » et des « rapides ». Presque les mêmes résultats en un temps record, que veut le peuple, comme on dit !  La paresse en nous est inévitablement  éveillée.

 

Il y a même une collection « Les paresseuses » du MARABOUT qui cartonne avec son fameux blog: www.lesparesseuses.com . Cette collection a ses propres raisons de passionner le grand public. À cause de leurs petits caprices et de leurs  extra besoins, les filles sont les principales cibles. C’est justement  ses propositions de conseils faciles à entreprendre allant des taches quotidiennes  jusqu’aux cours de gym  des paresseuses qui attirent les lectrices.

Naissant avec cela une génération de paresseux. Ma petite sœur ne bouge plus de son PC pour jouer ou pour se distraire. Elle joue à cachecache, aux polices et voleurs, au Monopoly  et  même au jeu de cartes, tout cela avec des personnages virtuels. Et elle s’amuse bien dans sa petite bulle. Elle rie toute seule, crie toute seule et préfère même refaire le jeu quand elle perd plutôt que de prendre le repas à l’heure.

Toutefois, cette nouvelle génération n’a pas eu la chance de vivre la sensation du véritable jeu avec des efforts physiques.  Je n’oublierai jamais mon enfance où j’avais couru de toutes mes forces dans la cour pour ne pas être la prochaine perdante lors d’un jeu de course, où nos voisins nous avaient grondé parce qu’on avait éteint la lumière des escaliers et des couloirs du bâtiment lorsqu’on jouait à cachecache, où nos parents vérifiaient nos mains en rentrant de la cour pour prouver qu’on n’avait pas touché aux boues – quel enfant ne voudrait pas jouer avec la terre, de la modeler à sa façon? -, où ma mère était vraiment furieuse en rentrant du travail parce que sa garde-robe était en sens dessus-dessous et nos visages étaient maquillés comme des clowns, après une partie de déguisement. Malgré ces interdits, on avait hâte de recommencer les mêmes bêtises.

Nos sueurs, nos cris, nos fatigues étaient vrais, nos maquillages ratés et nos déguisements n’ont rien de virtuels!

Pourquoi les formules réduisant les efforts physiques captivent-elles les gens aujourd’hui? Est-on devenu paresseux ?

Admettons, on a tous cette paresse qui sommeille en nous. Evidemment, la paresse est un caractère inné mais elle s’apprend aussi en partie. À cause de tous ces offres de facilité et de rapidité on a appris à être de plus en plus paresseux.

D’abord, l’urbanisation n’a plus laissé d’espace pour que nos petits frères et nos petites sœurs puissent jouer en liberté en plein air. En quelques années, la conglomération de la population en ville a réduit notre petite portion de terre. Rester à la maison et jouer devant son ordinateur est une des formes d’adaptation les plus réussies face à ce problème.

Ensuite, la race humaine est ambitieuse de nature. On n’est pas si paresseux que cela parait être ! Disons qu’on veut faire tout. Les 24 heures qui nous sont offertes ne sont jamais suffisantes pour réaliser  nos ambitions. Du coup, le temps vaut de l’or, chaque seconde est précieuse et les offres de services les plus rapides sont les bienvenues.

Je remercie vivement la nouvelle technologie et la publicité qui ont su positivé notre paresse, un comportement, autrefois,  assez honteux. Cependant, c’est dans notre responsabilité de ne pas en abusez.

Rester devant son écran trop longtemps pourrait nuire la vision. Négliger les efforts physiques pourrait nous rendre obèses. Bref, ces maladies sont de plus en plus fréquentes actuellement. Seraient-ce les effets de notre paresse?

Socialement, on a presque perdu la valeur de notre interaction avec les autres. Comment ces ados pourront-ils connaître la véritable force de l’esprit d’équipe si tous les membres de son équipe sont virtuels? La sensation de victoire commune ou les réconforts échangés sur un stade réel est incomparable.

Lors d’une petite réception chez soi, il est vraiment rare aujourd’hui de recevoir une demande de cuisiner ensemble. Tous les plats sont rapides à préparer: des plats congelés, des apéritifs prêts à être servis, des amuses gueules avec des sauces déjà mélangés… À quoi ça sert de pendre le temps pour cuisiner? De plus, aucune de nous n’est chef cuisinier. On a totalement oublié que la réussite de nos plats n’est jamais le but de ces moments de préparation. L’important c’est de renforcer le lien entre nous,  c’est de partager des moments ensembles. Le partage des tâches, accompagné de travail à la chaine, assaisonné d’interminables discussions, interrompu par quelques maladresses n’est ce pas amusant?

Certes, personne ne veut pas compliquer sa vie mais balancer les activités paresseuses avec les efforts physiques n’est pas si difficile.

 

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