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Réveillez votre paresse!

Il est difficile de penser qu’on vit dans une société de paresseux. Des formules allégées qui se traduisent par moins de paperasses, moins de formalités chez notre agence bancaire et un rythme de vie moins fatiguant, du moins physiquement, dans notre traintrain quotidien. Des appareils  à fonctionnement rapide comme les gadgets de cuisines visant à réduire nos taches ménagères; des aliments mi-cuits ou instantanés; des services faciles  pour les soins du corps: des vernis à ongles à séchage rapide, des crèmes dépilatoires en 3 minutes, des rasoirs électriques ultra rapides… Rien que des « faciles » et des « rapides ». Presque les mêmes résultats en un temps record, que veut le peuple, comme on dit !  La paresse en nous est inévitablement  éveillée.

 

Il y a même une collection « Les paresseuses » du MARABOUT qui cartonne avec son fameux blog: www.lesparesseuses.com . Cette collection a ses propres raisons de passionner le grand public. À cause de leurs petits caprices et de leurs  extra besoins, les filles sont les principales cibles. C’est justement  ses propositions de conseils faciles à entreprendre allant des taches quotidiennes  jusqu’aux cours de gym  des paresseuses qui attirent les lectrices.

Naissant avec cela une génération de paresseux. Ma petite sœur ne bouge plus de son PC pour jouer ou pour se distraire. Elle joue à cachecache, aux polices et voleurs, au Monopoly  et  même au jeu de cartes, tout cela avec des personnages virtuels. Et elle s’amuse bien dans sa petite bulle. Elle rie toute seule, crie toute seule et préfère même refaire le jeu quand elle perd plutôt que de prendre le repas à l’heure.

Toutefois, cette nouvelle génération n’a pas eu la chance de vivre la sensation du véritable jeu avec des efforts physiques.  Je n’oublierai jamais mon enfance où j’avais couru de toutes mes forces dans la cour pour ne pas être la prochaine perdante lors d’un jeu de course, où nos voisins nous avaient grondé parce qu’on avait éteint la lumière des escaliers et des couloirs du bâtiment lorsqu’on jouait à cachecache, où nos parents vérifiaient nos mains en rentrant de la cour pour prouver qu’on n’avait pas touché aux boues – quel enfant ne voudrait pas jouer avec la terre, de la modeler à sa façon? -, où ma mère était vraiment furieuse en rentrant du travail parce que sa garde-robe était en sens dessus-dessous et nos visages étaient maquillés comme des clowns, après une partie de déguisement. Malgré ces interdits, on avait hâte de recommencer les mêmes bêtises.

Nos sueurs, nos cris, nos fatigues étaient vrais, nos maquillages ratés et nos déguisements n’ont rien de virtuels!

Pourquoi les formules réduisant les efforts physiques captivent-elles les gens aujourd’hui? Est-on devenu paresseux ?

Admettons, on a tous cette paresse qui sommeille en nous. Evidemment, la paresse est un caractère inné mais elle s’apprend aussi en partie. À cause de tous ces offres de facilité et de rapidité on a appris à être de plus en plus paresseux.

D’abord, l’urbanisation n’a plus laissé d’espace pour que nos petits frères et nos petites sœurs puissent jouer en liberté en plein air. En quelques années, la conglomération de la population en ville a réduit notre petite portion de terre. Rester à la maison et jouer devant son ordinateur est une des formes d’adaptation les plus réussies face à ce problème.

Ensuite, la race humaine est ambitieuse de nature. On n’est pas si paresseux que cela parait être ! Disons qu’on veut faire tout. Les 24 heures qui nous sont offertes ne sont jamais suffisantes pour réaliser  nos ambitions. Du coup, le temps vaut de l’or, chaque seconde est précieuse et les offres de services les plus rapides sont les bienvenues.

Je remercie vivement la nouvelle technologie et la publicité qui ont su positivé notre paresse, un comportement, autrefois,  assez honteux. Cependant, c’est dans notre responsabilité de ne pas en abusez.

Rester devant son écran trop longtemps pourrait nuire la vision. Négliger les efforts physiques pourrait nous rendre obèses. Bref, ces maladies sont de plus en plus fréquentes actuellement. Seraient-ce les effets de notre paresse?

Socialement, on a presque perdu la valeur de notre interaction avec les autres. Comment ces ados pourront-ils connaître la véritable force de l’esprit d’équipe si tous les membres de son équipe sont virtuels? La sensation de victoire commune ou les réconforts échangés sur un stade réel est incomparable.

Lors d’une petite réception chez soi, il est vraiment rare aujourd’hui de recevoir une demande de cuisiner ensemble. Tous les plats sont rapides à préparer: des plats congelés, des apéritifs prêts à être servis, des amuses gueules avec des sauces déjà mélangés… À quoi ça sert de pendre le temps pour cuisiner? De plus, aucune de nous n’est chef cuisinier. On a totalement oublié que la réussite de nos plats n’est jamais le but de ces moments de préparation. L’important c’est de renforcer le lien entre nous,  c’est de partager des moments ensembles. Le partage des tâches, accompagné de travail à la chaine, assaisonné d’interminables discussions, interrompu par quelques maladresses n’est ce pas amusant?

Certes, personne ne veut pas compliquer sa vie mais balancer les activités paresseuses avec les efforts physiques n’est pas si difficile.

 


Une île, une convergence de contradictions

Une part de l’Afrique ou une portion de l’Asie ?

Madagascar, une île qui était encore méconnue avant le succès du film « Madagascar » est située au Sud-Est de l’Afrique et baigne dans l’Océan Indien.

Grâce à cet emplacement, elle hérite un mélange de culture venant de l’Ouest et de l’Est.

Les  plateaux  ont  le style asiatique ; un rythme de musique  plutôt calme avec beaucoup de charme. Des styles vestimentaires traditionnels typiquement asiatiques. D’autre par les côtes qui ont tiré leur culture de celui de l’Ouest  avec une musique un peu agitée du genre africaine. Et même la race malgache est un mélange de celle de l’Asie du Sud-Est  et  celle de l’Afrique.

Sans oublier des innombrables ressemblances sur l’alimentation basée spécialement de riz comme celle de notre sœur asiatique ancêtre Asiatique; la langue malgache qui a puisé son origine à l’indonésien et à  l’arabe.

 

Ce bel mariage de l’Est et de l’Ouest nous offre un avantage de facilement s’adapter aux cultures des autres. Toutefois, l’existence de  deux cultures différentes crée parfois des tensions. C’est comme deux vents d’origines opposées qui deviennent une tornade se manifestant notamment par le racisme entre les peuples Malgaches accompagné de complexe d’infériorité : un sujet que personne n’ose pas encore parler ouvertement à Madagascar. Un mariage entre deux personnes venu de deux différentes régions sont souvent victimes de regards moqueurs. La guerre des clans entre différentes ethnies est fréquente dans les campus universitaires. Mais n’est-on pas un peuple unique dans cette petite île?

 

Petite ou grande ?

Madagascar est la cinquième plus grande île au monde avec une superficie d’environ 590.000 km2. Malgré sa grandeur, elle n’est pas vraiment visible aux yeux du monde. Est-ce le fait d’être un pays en voie de développement ou le fait d’être une île à l’extrémité de l’Afrique? Même les étrangers qui vivent ici considèrent Madagascar comme une petite place. Je me souviens une fois lors d’un déjeuner d’affaire, une ancienne collègue était surprise de me voir et disait à son chef qu’on était collègue il y avait bien longtemps. Celui-ci avait juste conclu d’une  seule phrase : « C’est normale, vous vivez dans une île et tout le monde finit par se retrouver ». Cela sonne comme si Madagascar est vraiment petite et clôturée que personne ne s’y échappe. Je dirais, par contre que Madagascar n’est pas si petite que ça; avec une population de 22 millions la densité est de à 37hab/km2, le territoire est encore vaste.

Isolée ou ouverte ?

Dès qu’on dit île, on pourrait penser à la mer, une liberté ou parfois une place isolée.

Oui, ici on se sent libre, sans clôture, ni barrière. Je me souviens une époque où nos sœurs africaines se disputaient d’une portion de terre entre leur territoire. Nous, on a eu la chance d’être une île, pas de problème de limite de territoire! Mais personne ne pourrait  garantir que ce fait soit un avantage. Voyons le cas de Syrie, à cause des belligérants de nombreux Syriens immigrent dans les pays avoisinants. Je n’ose pas imaginer le même sort à mon pays. Où pourront les habitants fuir ? Vu qu’on est une île, naviguer dans l’Océan Indien ou dans le canal de Mozambique?

Bref, notre « isolement » ne garantie pas notre sécurité, moins encore notre virginité à toutes nouvelles maladies comme beaucoup de Malgaches prétendent.

En effet, lors de la période coloniale la peste, une maladie nouvelle à cette époque, était prise par les Malgaches comme une invention des colonisateurs pour exterminer le peuple Malgache. Et même, le VIH/SIDA est perçu, jusqu’à ce jour, comme une infection introduite par les étrangers. Pour beaucoup, Madagascar est une île propre et indemne de toute nouvelle maladie ; rien ne peut se créer, toute nouvelle maladie est introduite.


L’obésité intellectuelle

 

Ce matin je me suis levée très trop. Dès l’aube, je suis tout excitée de vivre la journée, je n’ai même pas ressenti le manque de sommeil durant ces derniers jours. Hier encore, je me suis couchée tard. J’ai répété une centaine de fois mon discours pour la remise de diplôme où je serai la porte parole de cent quinze nouveaux maîtrisards devant une centaine d’invités dont nos proches et quelques professeurs.  Une journée très marquante dans notre vie nous attend!

À partir d’aujourd’hui,  une centaine de jeunes renforcera le nombre de ceux qui sont déjà dans la course aux travails, dans ce pays où le taux de chômage dépasse récemment les 40%.

Depuis la crise politique et économique de 2009 à Madagascar, de nombreuses entreprises ont fermé leurs portes et les investisseurs y sont presque réticents à contribuer jusqu’à  l’apaisement du climat politique.

Des offres d’emplois, il y en a peu. Et le peu qui existe ne correspond même pas à nos diplômes. Faute de choix, de nombreux jeunes diplômés acceptent des emplois qui ne correspondent même pas à leurs vocations.

Actuellement, la plupart des offres qui s’affichent  se trouve dans le monde de l’offshore, monopolisé particulièrement par des sociétés du Nord et que les tâches sont envoyées dans les pays du Sud y compris Madagascar, là où les salaires sont les moins chers.  Ces postes sont généralement spécialisés en communication comme les télé-conseillers, les webmasters, les gestionnaires de forum de discussion, les traiteurs de texte… presque rien à voir avec les études en sciences de la vie, en gestion d’entreprise ou en économie où l’on a passé les 5 dernières années à l’Université. « Je suis polyvalent… je peux traiter des documents de toutes sortes vu que j’ai un diplôme en biotechnologie »  est l’arme que le candidat disait lors de son entretien d’embauche. Une phrase que l’on prononce pour optimiser la chance d’être retenu mais qui au fond a une connotation négative. Du coup, le candidat est engagé dans l’équipe qui traite les dossiers scientifiques. Quel avantage pour la société d’avoir un nouvel élément qui pourrait bien comprendre le sujet scientifique  sur le site web à gérer, une personne ressource qui  pourrait  sans difficulté filtrer les discussions hors sujet postées sur le forum, un cerveau qui connaît  très bien les détails de la composition du produit cosmétique mis en vente en ligne ; bref, un atout pour le poste.

Mais une personne, quelque soit sa filière d’étude, bien formée en la matière fera bien l’affaire. De plus, l’annonce dans le journal ne requiert que Bacc+2 sans même préciser la spécialité requise pour le poste. À quoi bon perdre son temps à étudier sans relâche les détails des réactions chimiques avec les CO2  et les H2O durant 5 ans si un diplôme de 2 ans est assez suffisant? La demande ne correspond pas à l’offre  ou c’est l’offre qui ne correspond pas à la demande?

Disons quand même que c’est encore une chance que l’on trouve un travail dans ce pays, même si nos diplômes surpassent les qualifications du poste.

Notre jeunesse souffre véritablement d’une « Obésité Intellectuelle ». Une obésité qui touche les jeunes sans emplois correspondant à leurs diplômes. Comme toutes les obésités, c’est le résultat d’une accumulation des ingérées avec un manque d’exercices pour les éliminer. Dans le cas présent, c’est une accumulation de connaissances. En effet, durant des années on a stocké les connaissances sans pour autant effectuer assez de pratiques pour les utiliser.

 

Il y a également le phénomène de grignotage qui ne fait qu’augmenter le dépôt de graisses. Grignoter quelques petites formations par ci et par là le temps qu’on trouve du travail pour ne pas perdre du temps. On nous dit toujours qu’il ne faut pas perdre du temps !  Eh oui, pour optimiser le temps on suit des formations de courtes durées dont les plus  tendances sont en leadership, en entreprenariat, en technique de consultance, en technique de négociation, en gestion de projet… Des renforcements de capacités de ce genre il y en a beaucoup dans notre ville. Il est évident que les petits investisseurs connaissent bien les besoins des jeunes ; un besoin de ce plus pour gonfler son CV dans ce monde  de concurrence… Mais encore rien ne garantie que ces formations soient vraiment nécessaires pour la quête d’emplois. À coup sûr, cette formation va renforcer le stockage de connaissances. À la fin, on devient polyvalent quasiment sans pratique.

 

Pire cette « Obésité Intellectuelle » suscite un complexe chez les jeunes diplômés. On fuit les regards des autres face à notre situation.  On craint de ne pas trouver un emploi à ses qualifications comme on a honte de se trouver gros dans ses habits.

Oui, notre  jeunesse souffre d’«Obésité Intellectuelle». Les Obèses ont besoin de beaucoup plus d’exercices, des travails qualifiés pour mieux dépenser ses stocks de connaissances. Faudra t-il réviser les programmes universitaires pour mieux répondre les offres sur le marché du travail ou faudra t-il faire appel à la création d’emplois qui correspondent à nos diplômes?

L’Obésité Intellectuelle n’affecte pas seulement Madagascar. Même si elle n’est pas contagieuse de nombreux jeunes dans d’autres pays souffrent de la même situation. Notre jeunesse actuelle souffre d’une « Obésité Intellectuelle » ; cette pandémie n’est pas héréditaire mais si aucun remède efficace n’est pas trouvé rapidement alors la génération future risque d’attraper la même maladie.