tsiaro

Les héros à l’autre bout de la ligne

Les héros sont définis comme des personnes qui sauvent spontanément la vie des autres dans une situation de détresse. Il y a ceux qui ont des supers pouvoirs, il y a ceux qui ont la force physique mais il y a également ceux qui n’utilisent que l’écoute et le verbal pour aider les autres. Je parle de ces héros de la ligne que vous allez découvrir ci-dessous.

texting_1455781cParfois dans la vie, on fait face à un problème qu’on n’a pas envie de partager avec nos proches, ni à nos amis et jamais à nos parents. On ne sait plus à qui le confier, on se sent perdu et heureusement il y a ce numéro vert, une ligne d’appel gratuit, accessible presque en tout temps,  une ligne dédiée à écouter les gens dans une  situation difficile. Comme on ne se sent plus seul, on est plus ouvert à discuter puisque la personne ne nous connait pas, il ne demande même pas notre nom, ni notre adresse. On est tous les deux dans l’anonymat, on est libre de raconter nos problèmes.

Mais qu’en est il pour celui ou celle à l’autre bout de la ligne?

J’avais eu l’opportunité d’être une écoutante conseillère  durant plus d’un an à Madagascar. « Allo espoir vous écoute… » est la phrase de bienvenue  au décrochage du téléphone. A ce moment là je suis déjà dans la peau de l’écoutante conseillère. Je mets de coté mes problèmes personnels, je dois effacer les stresses de l’embouteillage  sur la route il y a quelques minutes, je dois oublier la blague raconter par un collègue dans le couloir… tous cela pour avoir une bonne image. Oui, j’ai bien précisé « image » car même sans voir la personne, l’intonation de la voix ainsi que les vocabulaires expriment les sentiments. Quelques fois notre cerveau construit même l’allure de la personne à qui on parle rien qu’en entendant sa voix.

Je reçois des appels venus de tous les quatre coins du pays, de toutes sortes de gens dont la plupart sont des jeunes –sont-ils les plus touchés par les problèmes, les plus besoins de personne de confiance, les plus ignorants ? Ça c’est une autre étude à faire.

Bref, on entend un échantillon représentatif de tout ce que l’on peut entendre d’écœurant dans cette société. Par expériences, je découvre trois types d’appels :

Au premier, les Sérieux composés de ceux qui ont vraiment des problèmes et de ceux qui veulent avoir plus de renseignements.

Au second, les Blagueurs qui regroupent  ceux qui appellent  pour tester nos savoirs en la matière si on est vraiment des spécialistes -ils nous bombardent de questions comme s’ils vont présenter une thèse en matière de VIH/SIDA-, ceux qui nous racontent  des histoires débiles et ceux qui chantent.

Au troisième, les Confus qui nous prennent soit pour  Dr Love et dévoilent leur problème de couple, soit pour le gynéco et demandent une prescription médicale. Certains confus nous prennent parfois pour des policiers. Dans cette catégorie se trouve tous ceux qui  se trompent de numéro.

Sans oublier il y a toujours les indéfinissables: ceux qui sont hors de ces quatre catégories.

184534_girl_on_cell_phone2

Brefs, on peut recevoir des appels de tous genres mais heureusement les Sérieux sont largement les plus nombreux. Toutefois, ces Sérieux ne sont pas là pour nous apporter des bonnes nouvelles mais au contraire les mauvaises. Ce sont des gens qu’on doit soutenir, conseiller et orienter. Ce n’est pas facile d’entendre toujours des problèmes au bout de la ligne, les gens qui sont à deux doigts de commettre un suicide qu’on doit retenir, ceux qui sont désespérés car ils viennent d’apprendre qu’ils sont des PVVIH, celles qui ont des grossesses non désirées, ceux qui ont des Infections Sexuellement Transmissibles, ceux qui sont maltraités, ceux qui sont prisonniers des problèmes d’addiction aux drogues… C’est difficile !

Un jour, il y avait des journalistes qui nous a interviewé et nous a posé cette question « ce que ca faisait l’effet d’être une écoutante conseillère ». Je m’apprêtais à dire que je vivais toujours une journée chargée des problèmes des autres comme si je n’en avais pas. C’est toujours une journée de tristesse. Le fait d’entendre une mère en pleure racontant le viol de sa fille de 12ans par des agresseurs inconnus, suivi par une autre personne qui te confie qu’il a un problème de perversité… Là c’est le moment de mettre de coté mes religions, j’essaie de me retenir, je ne dois jamais juger, j’essaie de comprendre car lui aussi il a besoin d’aide c’est pourquoi il a appelé ce numéro vert. Je m’efforce d’abord de maîtriser mes sentiments pour ne pas sombrer dans la sympathie mais plutôt maintenir l’empathie. Après un appel de ce genre je prends mon souffle, je sors un peu des quatre murs et  je prends l’air. Ensuite, je reprends le téléphone pour répondre aux autres appelants. Dans le métier il est important de bien jongler le moi Madame tout le monde avec le moi écoutante conseillère. Mais cela reste un défi car je suis un humain avant d’être une écoutante conseillère. Inévitablement, ces problèmes nous fassent des effets quelque part même si on essai de ne pas en gober, une poche se forme pour contenir les problèmes des autres. Pour que cette poche ne devienne pas extrêmement lourde, on nous a offert des séances régulières avec des psychologues et également des journées de détente. On en a vraiment besoin ! Parfois on  a peur de craquer ! C’est le risque du métier. De plus la confidentialité du métier ne rend pas notre tache facile : on est tenu à ne pas partager les secrets des autres à nos entourages.

Malgré la difficulté et la risque dans le métier, je suis fière d’avoir étais parmi ces héros qui ont aidé les autres. Je suis sûr que j’étais parmi cette équipe de sauvetage car il y a pas mal de gens qui nous rappellent et nous remercient. Je n’imagine pas si la ligne verte n’était pas là où est ce que ces gens là ce sont-ils confiés?

J’adresse ici mes félicitations à tous mes anciens collègues, un chapeau à tous les gens qui se sont dévoués dans ce métier !  Vous êtes des héros de la ligne.

tm_asf_banderole_mlg_02_08_2012
Brochure de promotion de la ligne verte à Madagascar


À la mode de chez nous

Jeunes représentants lors du Youth Blast

Une rencontre le « Youth Blast » entre des milliers de jeunes venus des quatre coins de la terre s’est tenue à Rio de Janeiro la veille  de la fameuse conférence Rio+20 en Juin dernier. Durant cette conférence internationale sur le développement durable, le changement climatique était au cœur de la discussion. Récemment, ce groupe de mots « changement climatique » est devenu une sonnette d’alarme pour la prise de conscience des gens sur les impacts de leurs actes vis-à-vis de l’environnement. Les alertes de la communauté scientifique internationale sur les défis environnementaux que le monde devra  surmonter ont changé certains modes vie.

Le dernier jour du Youth Blast était marqué par une séance plénière de partage des modes de réduction des causes du désordre climatique. Une fille, venant des pays riches, a témoigné qu’elle s’efforce de marcher à pieds au lieu de prendre les voitures – émetteur de CO2 principal responsable du réchauffement climatique-, elle choisit de s’habiller avec des vêtements de secondes mains – valorisation des déchets réutilisables-… Et elle a reçu un tonnerre d’applaudissements. Tout ce qu’elle a dit m’a ouvert les yeux sur le mode de vie des pauvres, je veux dire notre mode de vie!

Au fait, nous les pauvres nous sommes obligés de marcher à pieds durant plusieurs heures puisque nous n’avons pas de voiture. Les moyens de transport public existent mais la fluctuation des prix des carburants rend les frais de transport parfois inabordables. Par conséquent, de plus en plus de Malgaches optent pour la marche à pieds.

Nous, nous  portons  des fripes parce que nous n’avons pas les moyens de nous offrir des  nouveaux. Dans notre cas, ce ne sont pas une question de choix mais plutôt des obligations.

Depuis quelques années, beaucoup de Malgaches sont même devenus des végétariens, non pas parce que nous comprenons que les bétails sont des émetteurs de méthane un Gaz à Effet de Serre  plus fort que le dioxyde de carbone et la consommation de viande ne fait que promouvoir l’élevage et les industries de production – pollueurs et grands consommateurs d’eau-, mais parce que les prix des viandes sont de plus en plus chers et nous n’avons pas assez d’argent pour en consommer!

Partout dans le monde, des efforts ont été réalisés afin de promouvoir des gestes éco citoyen.

En Amérique, ils ont installé une voie à trois colonnes, une pour les voitures ne transportant qu’une ou deux personnes et les deux autres pour celles avec plus de passagers. De quoi motiver les gens  à partager une même voiture et en guise de récompense moins d’embouteillages. Mais le fond de ce système se base sur la diminution des effectifs de voitures qui circulent et du coup la réduction des pollueurs.

Chez nous, c’est tout à fait le contraire, il est rare de voir des voitures à une ou deux personnes, toutes les places sont, dans la plupart du temps, occupées jusqu’à la limite de ce qui est écrit dans la carte grise, non pas parce que nous sommes conscients que ces véhicules sont des pollueurs mais la possession de voiture n’est pas encore à la portée de tout les Malgaches.

L’usage des bicyclettes, très promu en ce moment dans les pays industrialisés, a toujours été populaire dans nos zones rurales. C’est un moyen de transport très efficace et moins cher par rapport à la voiture.

Nous, les pauvres nous ne nous rendons pas compte que nous participons à cette réduction du taux de carbone dans cette atmosphère commune. Nous ne connaissons même pas cette complexe théorie de causes à effets sur les changements climatiques.

Dans les années 80, il y avait sur le marché malgache deux types de cahiers : l’un avec des feuilles blanches comme neiges que seuls les enfants des riches peuvent en avoir et l’autre avec des feuilles grisâtres pour le reste de la population. Effectivement, ce dernier est moins cher, et ce dernier résulte du recyclage des vieux papiers. Actuellement, l’emploi  de ces papiers recyclés est tellement encouragé que son achat  n’est plus un signe de pauvreté mais un respect à l’environnement.

Dans la lutte contre le gaspillage alimentaire, en France depuis l’année 2011, l’ADEME a lancé le concours «recettes à zéro déchet», un concours dont le concept est de réaliser deux recettes  dont les ingrédients du second seront les restes de la première.  Chez nous, tous  les jours  nous réalisons des recettes à zéro déchet, rien ne se perd les restes sont des ingrédients. Peut être que nous pourrions avoir le premier prix si nous  participons à  de telle compétition!

Et la liste continue, nous participons à l’économie d’énergie électrique à cause des  factures  exorbitantes de l’électricité. Cela  nous dépasse de penser à l’environnement avant d’imprimer. Nous les pauvres nous  pensons  au coût des encres et des rames de papiers avant d’imprimer.

La  liste est longue et nous ne savons pas notre prochain mode de vie qui sera imité. Ce qui est sûr c’est que les défis que nous impose l’environnement exigent une modification de certains  comportements. Mais au-delà des impacts environnementaux, pourra-t on penser à la réduction des inégalités sociales ? Serait-il envisageable que les riches auront exactement les mêmes comportements que les pauvres?

Peu importe, les pauvres soyons  fières  puisque  sans le savoir nous sommes les pionniers de ces bonnes pratiques qui méritent d’être généralisées.

 


Pour briser définitivement le lien entre féminité et pauvreté

 

 

 

 

a connaissance est une force et l’éducation est le meilleur moyen pour l’acquérir. L’éducation a été toujours une principale préoccupation lors des grandes discussions internationales. Un  parmi les huit Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) est d’assurer l’éducation primaire universelle d’ici 2015. Rappelons  que les OMD sont des engagements des  États membres de l’ONU afin de relever les défis de ce troisième millénaire et principalement d’éradiquer la pauvreté.  La pauvreté qui dans beaucoup de pays est devenue « féminine » ;  une pauvreté qui affecte plus de femmes que d’hommes. En effet, beaucoup de femmes sont encore marginalisées  au profit des hommes dans de nombreuses sociétés. Et cela sur toutes les formes, en commençant par la préférence de la scolarisation des garçons que des filles au sein d’une même famille.

En tenant compte de cette situation, le précédent objectif est renforcé par ceux de l’Éducation Pour Tous – Objectifs du Cadre d’Action de Dakar issue du forum mondial sur l’Éducation en 2000, à titre d’exemple l’objectif n°5 qui consiste à « éliminer les disparités entre les sexes dans l’enseignement primaire et secondaire d’ici 2005 et instaurer l’égalité dans ce domaine en 2015 en veillant notamment à assurer aux filles un accès équitable et sans restriction à une éducation de base de qualité avec les mêmes chances de réussite».  Un objectif bien formulé mais assez flou, pas  explicite ou n’adresse qu’en partie les problèmes.

Mais qu’est ce qu’on entend par « éducation de base »? Implicitement à partir de cet objectif, l’ « éducation de base » n’est pas seulement l’éducation dans l’enseignement primaire. Les jeunes filles sont incapables de transformer  son éducation primaire seule en travail rémunérateur. Savoir lire et écrire n’est pas suffisant pour décrocher un travail décent. Une fois que les jeunes filles terminent le cycle primaire, elles sont destinées à rester au foyer pour faire les tâches ménagères ou sont forcées indirectement d’aider leurs mères dans les champs.  Et le cycle de la pauvreté de la gente féminine  continue alors que l’«éducation de base » devrait être une arme pour l’autonomisation de ces jeunes filles.

Une autre réalité frappante est que l’abandon de l’école est encore fréquent chez les jeunes filles, surtout celles  habitant dans les milieux ruraux. Beaucoup d’entre elles ne terminent même pas le cycle primaire à cause des échecs scolaires, des problèmes financiers ou du système patriarcal de la société.

D’une part, il est évident que beaucoup d’efforts ont été réalisé pour la  réalisation de l’éducation primaire et gratuite de tous les  enfants. Mais d’autre part, les actions ont été figées dans ce sens qu’on a presque oublié le but principal de ces objectifs qui est de sortir du cercle vicieux de la pauvreté et  de l’élimination des inégalités des sexes.

Pourquoi ne pas offrir des solutions alternatives à ces marginalisées ? Comme des allocutions de bourses d’études pour que les problèmes financiers ne serait plus un obstacle pour poursuivre l’éducation, des éducations non-formelles de rattrapage pour celles qui veulent revenir à l’écoles après

des années d’abandon scolaire, des formations professionnelles à la fin  du premier cycle pour qu’elles aient déjà de quoi exploiter si jamais elles ne pourront pas continuer jusqu’au lycée, des plannings  scolaires à horaires flexibles pour celles qui ne peuvent pas passer des tâches ménagères.

Ces opportunités alternatives vont renforcer les capacités de ces filles afin de préparer la vie de « femme » au-delà des rôles traditionnelles d’une simple ménagère, de mère, et d’épouse. Sans oublier que ces act

ions génèrent des avantages économiques et sociaux, non seulement pour ces jeunes filles, sa famille et sa communauté mais également pour la nation toute entière.

 

En ce qui concerne la date limitede ces objectifs, on est déjà à la veille de 2015 mais on est tellement loin de l’objectif à atteindre même celui avant 2005.Il est vraiment temps de redéfinir les objectifs clairs sur l’Éducation pour surmonter les inégalités des sexes. Si  on offre les mêmes opportunités aux filles comme aux garçons, c’est-à-dire, ils recevront les mêmes opportunités en matière d’éducation. Cela engendre les mêmes capacités qui réduiront par la suite la discrimination de sexe dans le monde du travail.Les gouvernements, les bailleurs de fond et les différents acteurs sont  donc appelés à soutenir les options de l’éducation post-primaire, le rattrapage de l’éducation, les opportunités d’éducation non formelle. Investir dans l’éducation des filles  est comme une étincelle, ses effets ne sont pas spontanés mais seront transformés bientôt en immenses flammes.